Danse macabre des immortels

Très cher Alexander,

Vous me voyez fort aise de savoir que vous prenez à ce point à cœur les alliances qu'ouvre à vous une enfant dont la figure et le corps ont plu à tous les prétendants listés précédemment ; soyez assuré que mon choix ne s'est pas fait à l'aveugle et que je vous tiendrai au courant de tous les profils potentiellement acceptables sur lesquels je tomberai à l'avenir. Croyez bien que je ne vous propose rien qui ne ferait un bon parti pour mes propres filles et que vous apporter main forte dans cette entreprise m'assure au moins de participer à la pérennité de vos affaires. Pérennité qui tient à la présence d'héritiers au sein de vieux concurrents qu'un mariage ne saurait que trop rallier à votre juste cause. Soyez aussi intelligent que vous l'êtes et ne traitez point votre fille en homme ; ne spoliez pas ces grands yeux de biche et cette peau pâle de leurs charmes féminins en les entachant des vanités que le sexe faible tend à se composer dès lors qu'il est mis en contact avec des arts et des savoirs qu'ils n'est pas habilité à saisir pleinement : votre nom ne s'en portera que mieux. Loin de moi l'idée d'ingérer dans vos affaires, mon ami. C'est sur cette même inquiétude que je me permets de garder quelques jours à mes côtés votre triste messager qui semble bien mal vivre ces trajets par trop répétés : j'avais bien trop hâte de vous répondre pour son propre bien, et son traitement ici sera celui d'un homme de votre rang. Accueillez chez-vous ce jeune esclave dont je vous fait très probablement l'affront de la présence ; soyez bon avec lui. Il est un produit d'une rare qualité extraite des terres énarides, au cours de mes voyages : j'ose espérer que votre œil avisé saura en apprécier la rareté.

Toujours très cordialement,
Jinendra Devaraja.

PS : Si jamais mon envoyé devait devenir pesant, sachez que le citron a un effet dévastateur sur sa mauvaise humeur.