Des vacances renversantes

On en dirait une institution ouvrière utopique. Tout sonnait trop beau pour être vrai, mais parfois la réalité dépassait la fiction. Même une fois à Dühr, elle avait de quoi s’héberger et repartir si le plan n’allait pas comme prévu. Elle n’était pas sans défense. La suite la pris de court: Erwin lui tendait les billets qui seraient peut-être les premiers pas vers une nouvelle étape.

Revy le prit et les regarda, pendant qu’il expliquait l’horaire.

- Mais… et vous? C’est vos billets. Vous en avez besoin.

Cependant, un coin de sa tête lui disait de les garder. Elle replaça son chapeau et ses lunettes de soleil. Demain… okay. Elle irait. Elle ne le saurait pas si elle ne tentait pas sa chance.

- ‘kay, je suis partante. Si les choses tournent mal… j’ai mes assurances.

Elle ouvrit son manteau pour qu’il voit Dante et Vergil, tout beaux et brillants de propreté.

- C’est un nouveau départ, dit-elle a Erwin avec un clin d’oeil.

Il était bien gentil le patron, de rembourser des frais supplémentaires si on lui offrait une nouvelle employée. Rendez-vous au bateau pour 7 heures, donc? Elle en était capable. Habituée aux nuits courtes et capable d’adopter des horaires de travail variés. Elle espérait que cet employeur potentiel aurait une utilité pour elle. Ce serait bien. Pouvait-on avoir trop de gardes du corps ou d’agents spéciaux?

- Je devrais en être capable, z’êtes bien moins irritants que d’autres que j’ai rencontrés. Vous vous semblez savoir quand fermer le clapet. Pas comme la dernière prise qui déblatérait ses ‘exploits’ pour essayer de m’amadouer… eurk…

Les vantards… si vous avez pas les moyens de prouver vos paroles, fermez-là!

- Mon cher, je suis pistolero de métier. Ces deux beautés elles sont mon chef d’oeuvre! Six balles par pistolet, avec chambre rotative et un baril qui assure une trajectoire bien droite et précise.

Sans compter les Traits. Mais il n’avait pas besoin de savoir ça tout de suite.

- J’ai pas une arme à feu a briche depuis des lustres! Et la vôtre est encore impec’? Je vous lève mon chapeau!

Et elle le fit.

- Je suppose qu’aller préparer quelques affaires serait prioritaire. Je vous revois demain au quai?

- Vous mentiez pas en disant que c'était une antiquité. Vous avez demandé à quelqu'un d'y jeter un oeil pour vérifier si des réparations seraient nécessaires?

Elle n'avait pas vu de tels modèles depuis longtemps mais pourrait peut-être faire quelque chose pour que le pauvre barbu ne perde pas la face par accident. Et il proposait la chasse à Amaëna. Elle y était allée une ou deux fois. Mais pas pour la chasse animale. Juste la chasse elfique. Oui, même ces grandes oreilles avaient leur lot de criminels et de malandrins. Les voir être insultés de se faire avoir par une humaine était hilarant à voir.

- Pas vraiment chassé, non. Mais j'ai toujours voulu essayer. Okay, il y a eu une fois avec un alligator mais je chassais pas, je suis tombée dessus par accident. Ça compte?

Le barbu lui donna les directions à suivre pour le lendemain. 7 heures. Sur le bateau impérial. C'était assez simple. Son père se levait plus tôt que ça pour travailler.

-Le matos va être prêt pour la ballade, pas de problème.

Elle serra la main de l'étranger qui se présenta avec une poigne franche.

- Revy Black, de mon côté. Je vous souhaite bonne soirée et à demain matin.

Elle glissa quelques pièces de plus sur le comptoir, tenez Erwin, cadeau. Tom les ramassa et donna une autre pinte au barbu pendant que la rouquine sortait en saluant son potentiel futur collègue de travail.

- Demain!

La fin de la soirée avait été ponctuée de questions posées par les parents. Où allait-elle? Quand? Avec qui? Pour quel raison? As-tu pris assez de vêtements de rechange? As-tu des outils pour tracer? As-tu assez d'argent en cas d'urgence? Et reviens-nous bientôt, tu nous manques déjà. Elle se considérait chanceuse d'avoir de tels parents. La nuit fut douce et tranquille, le réveil brutal parce que le père avait décidé de tambouriner à la porte de sa chambre en lui hurlant 'debout'. Pas besoin de réveil-matin... Revy bailla longuement en s'habillant. C'était tôt... mais elle avait promis. Et pour une perspective d'emploi il fallait faire des sacrifices. Elle prit quelques bouchées rapides dans l'assiette du père, vengeance!, puis fila après un bisou à chacun, un grand sac sur le dos, regardant la belle journée qui s'annonçait. Et le quai qui se dévoila, et le bateau impérial qui serait son taxi.

Erwin était assis, la tête tombant vers l'avant. La gueule de bois? Revy elle-même avait une faible migraine. Un bon verre d'eau ou une bière douce devrait aider. Pas le temps, elle voulait avoir une marge de temps avant que le bateau parte. Revy détestait être à la dernière minute et courir comme un poulet décapité. Alors elle fut de très bonne humeur en voyant le barbu, même si assoupi. Elle se pencha à sa hauteur.

- Eh! Erwin! le salua-t-elle. Prêt à respirer l'air marin pendant un bon bout?

Erwin mentionna un défi en se réveillant, Revy se demanda quel genre de défi et quel genre de mages avaient pu lui tenir tête à boire. Lui avait besoin d’aller se coucher dans la cale et bien supporter les mouvements d’un navire en mer. Pas de doute que les matelots ne voudraient pas nettoyer après son passage.

- D’jà 7 heures. Comme convenu hier, affirma-t-elle. Préparée et enthousiasme, beaucoup d’enthousiasme.

Lui n’était pas enthousiaste à être au quai. Elle n’y avait prêté attention hier mais elle réalisait, après tout ce temps, que le barbu était un vampire. Un autre vampire… au moins Erwin était agréable. Pas comme cet espèce d’âne qui avait semé un peu la terreur et se pensait résistant à tout. Une bonne balle avec sort de flammes bien placée et voilà! Erwin, il était correcte. Lui il était bien. Et elle s’empêcha d’émettre le moindre son amusé à le voir ainsi emmitouflé. Elle avait plutôt pitié.

La chasseuse de prime salua le matelot en retour, un sourire eclatant sur le visage. Elle lui serra la main avec une poigne ferme avant de lui tendre le papier qu’Erwin lui avait donné la veille.

- J’ai tout ce qu’il me faut!

Erwin étant invité à monter, Revy l’accompagna, lui demandant au passage:

- En admettant que j’y aurais peut-être droit, où se trouverais ma cabine, ou mon hamac? demanda-t-elle au Dalentien.

Essayons voir si avec un de truque on peut encore gagner!

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#1 'Esquive' : 1, 1, 1

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#2 'Esquive' : 1, 2, 1

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#3 'Esquive' : 1, 1, 3

La rousse suivit Erwin tranquillement, saluant les matelots au passage, leur envoyant la main et les compliments. Toujours comique quand on lui faisait des éloges, elle adorait. Erv se dirigeait vers la cale du navire, là où les remous de la mer seraient les moins perceptibles. L’odeur de sel était moins présente et les narines pouvaient respirer tranquilles. Revy s’installa aux côté du vampire, plaçant ses choses pour avoir un support dorsal confortable.

- J’ose pas imaginer vivre à Cestra en étant vampire, ça doit être...

L’enfer.

- Vous vous faîtes envoyer où d’habitude? À Tharen? Vous voyagez beaucoup à travers Dalentour? Vous êtes déjà allé là-bas, au Nord?

Chez les poilus et leur magie, les vantards incapables d’avoir des téléphones et des radios et des moyens de transports en commun autres que des chariots à chevaux ou à faux dragons. Et les poilus étaient fiers d’avoir de faux dragons! Et ils vivaient dans la neige! Elle détestait la neige. Pas de voyage chez les poilus par pitié!

- Si je sais jouer? demanda Revy en attrapant le petit sac en plein vol.

Elle lança ses trois jets sans hésitation. Et merdeuh…

- Raaah… pourquoi j’essaie… j’ai jamais de chance au dés, geignit-elle penaude. Vot’ tour, on dirait bien...

Le membre 'Erwin Krieger' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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#1 'Esquive' : 3, 2, 3

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#2 'Esquive' : 1, 2, 1

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#3 'Esquive' : 2, 1, 1

Vrai que plonger dans de l'eau de mer quand était un vampire, ça devait être la pire situation possible. Ça et sans doute le soleil quand on avait rien bu depuis longtemps. Revy aimait trop le soleil et la mer pour considérer devenir vampire. Et c'était censé être une plaie. Ça avec la Rage Noire qui se propageait depuis quelques années. Au moins elle rencontrait un vampire sympa. Il avait encore toute sa tête. Tant mieux. Elle en avait croisé qui l'avaient perdue, et d'autre pires encore. Elle avait entendu dire qu'ils étaient plus nombreux à Dalentour et vers la frontière Nord.

- Pourtant, l'eau de mer peut faire des miracles... tant qu'on en boit pas...

Yeurk... au moins il était facile d'en récupérer le sel mais la boire... mauvaise expérience de jeunesse où l'innocence était omniprésente. Et là Erwin était confiant qu'il pourrait avoir un meilleur résultat qu'elle. Elle lui lança un rictus de 'Mouain... tu disais?' parce que les dés ne coopéraient pas vraiment avec lui non plus, même si il avait effectivement roulé plus haut. De peu. Ils n'avaient pas eu de chance.

- Je vais là où les primes sont intéressantes, et possibles. Parce que s'en prendre à des seigneurs de guerre ou des marchands d'armes et j'en passe... j'ai pas ce qu'il faut. Ni en ressources, ni en coéquipiers. Mais j'en brûle d'envie. Y'a cependant un peu de satisfaction à mettre de crapules derrière les barreaux. Vivants bien sûr. Sinon ils sortent toutes les excuses pour payer qu'à moitié ou presque rien.

Elle ramenait toujours ses proies vivantes, sans faille. Et demandait toujours le plein prix. Elle voulait créer un exemple. Envers les bandits, la populace et les richards. L'argent disparaîtrait moins rapidement à Dalentour, elle pouvait se payer des vacances et se gâter un peu. Mmm... ça ferait changement se faire traiter come une reine, si un jour elle avait assez de rondelles dorées pour y arriver. Il était allé à maintes reprises à Syab qu'il répondit. Foutue neige blanche, glacée, imprévisible, rendait la visée impossible, y'en avait partout, ça cachait les routes, la neige... de la neige et des poils...

- Jamais été à Enarida non plus... pourtant y'a qu'un océan à traverser. Un jour. Pas pressée. J'aimerais arrêter de courir sur Irracya avant d'aller courir sur Enarida. Et ça coûte cher une bonne chimère sur mesure. Ce serait bien d'avoir au moins ça avant.

Oui il restait le gagnant. Il pouvait se vanter maintenant mais elle aurait sa revanche un jour. C'était au tour de Revy de répondre à interrogatoire.

- Née et élevée à Cestra. La mère est à la maison, le père est armurier. J'ai été apprentie de mon père et l'amour des armes à feu est venu. J'ai pris le temps de bien savoir comment fabriquer un pistolet, et je compte là-dedans comment créer les morceaux eux-même, je sais comment en fabriquer de A à Z. Et les rendre plus beaux aussi. Avec tous ces jolis motifs et dessins, sans sacrifier l'efficacité. Quant à chasseuse de primes? Ça doit faire... quatre... ou cinq ans je crois bien.

Elle prit le commentaire d'anachronisme comme un compliment, comme en témoigna son sourire fier et radieux.

- Peut-être un jour, que je me la coulerais douce à Cestra, ou Dühr. Vous avez vraiment une belle capitale, oubliez pas ça. Ou je pourrais continuer l’atelier de mon père. Ça aussi. Rester stable et voir les jours passer.

Avec un conjoint et des marmots. Mais elle avait un peu trop la bougeotte en ce moment et bien qu’elle tolérait les enfants, elle n’avait pas la patience requise. Et si elle n’avait jamais d’enfants? Les parents pouvaient en faire d’autres. Pas de presse. Ce qui pressait, c’était décrocher un nouvel emploi.

- Je pourrais le faire à rabais, même, affirma Revy au vampire.

Il lui présenta le vieux pistolet paternel. La rouquine le prit avec délicatesse et le regarda sous tous les angles imaginables. En effet, l’arme avait de l’âge. Elle en avait vu à quelques reprises dans l’atelier. Malgré les différences techniques, elle avait appris à respecter les choses obsolètes car elles avaient pavé le chemin pour les nouvelles technologies.

- Je peux essayer, répondit Revy avec une pointe d’affection envers la relique d’une autre génération. Avec les bons outils, je devrais être capable de lui insuffler une seconde vie.

Le père lui avait transmis sa passion des armes à feu très tôt. Parlant des pistolets et carabines avec respect, peu importe l’âge et l’entretien donné. Toujours respecter une extension de soi, une arme qui nous protège et partage nos buts. Peut-être un peu trop sentimental mais Revy avait développé ce respect des anciens et des individus. Ce vieux pistolet avait vu bien des bagarres et des conflits, avait une longue histoire à raconter à quiconque était prêt à l’écouter. L’arme d’Erwin était un vieux grand-père et Dante et Vergil étaient deux adolescents rêvant d’aventure.

- Je fais un métier égoïste mais à quoi bon avoir un trésor quand on veut pas en faire profiter les autres? Et, oui, j’suis fille unique. Mais c’est ma mère qui mène à la maison. Mon père donne bien son avis mais elle sait comment le… convaincre, pour arriver à ses fins. Rien de sournois, je vous assure. La passion entre eux est visible des kilomètres à la ronde. Et ils approuvent de mon choix de carrière. Ils demandent simplement que je sois en sécurité.

Elle aussi voyait ces gens dissimuler leur apparence sous des artifices. Sans façon pour elle. Si Revy acceptait de se faire alléchante au goût des gens qu’elle traquait, rester au naturel était mieux. Si on excluait les iris rouges. Elle voulait encore voir ces gens aux yeux rouges qu’Erwin avait mentionné.

- Vous les avez croisés où? Ces gens aux yeux rouges. Vous disiez que c’était leur couleur naturelle mais… ç’est pas possible, normalement. Pas sur Irracya.

Peut-être à Enarida? Il y avait tellement de créatures bizarres là-bas

Le monde me pourrait tourner sans mamans. Elles étaient source de vie. Malgré leur statut à Tharen. Elles étaient plus respectées ailleurs. Plus respectées à Dalentour et Amaëna. Et Syab. Il ne fallait pas oublier le pays le moins impliqué du continent. Pff… Revy avait appris tôt à respecter ses parents. Et pour la poêle, en effet.

- Ma mère avec une poële… ouch Papa, rigola Revy.

Elle avait bien hâte de rencontrer la clique. Erwin en parlait avec presque une pointe de camaraderie. Un nouvel environnement de travail. Et la réponse à ses questions. À Syab? Alserd? Une femelle? Oh… la pistolero compris de qui le vampire parlait. Elle entendu parler que le clan Sytha avait donné naissance à une Warui. Et que celle-ci était dite bénie par la déesse parce qu’elle avait les yeux rouges. Simplement une mutante albinos. Comme si les Sytha avaient besoin d’une autre raison de péter d'la broue…

- C’est des Faryd… leur idée de passe-temps est de se taper dessus, grogna la rousse en rabaissant son chapeau comme Erwin s’endormait.

Les brutes. Même si la femelle était petite. Ça coulait dans leur sang. Comment oublier la Treizième? En n’étant pas intéressée. C’était tout.

******

Revy avait somnolé durant le trajet. Les coups sur la portes et les cris des marins la sortirent de sa torpeur, tout comme Erwin qui se réveilla gracieusement. Il n’attendit pas avant de se diriger vers la sortie. Revy ramassa son sac, vérifia que ses pistolets soient bien installés dans leurs étuis et suivit le vampire qui s’était arrêté sur le seuil de la porte.

- C’est vous le guide, lui annonça la chasseuse de prime.

-J'ai le sac,les vêtements, les pistolets et les verres fumés.

Parce qu'elle avait la classe avec ses verres fumés! Et de l'argent bien sûr. Elle avait hâte de voir la tête des gens avec sa bourse pleine de pièces. Elle en ferait baver plusieurs. Raison de plus de rester discrète et garder ses deux amours mécaniques près de son coeur. L'ambiance était un ambiance de quai, d'ouvriers, de classe basse. Des gens normaux en fait. Les gamins un peu sales qui s'amusaient, les hommes au travail qui iraient prendre une bière à la fin de leur journée, leurs femmes qui leur tireraient les oreilles pour s'être laissés tomber dans le lit sans baiser. La routine, peu importe où on vivait. Ou c'était peut-être différent chez les elfes. Mais elle n'était pas assez téméraire pour demander au premier elfe qu'elle rencontrait. Erwin avait mentionné un train à ne pas rater. Fallait se presser! Chaque endroit avait son propre style, sa propre culture, sa propre vie. C'était difficile de ne pas émerveillée par la vie à Dalentour. Chance que ses lunettes cachaient son regard, mais elle voyait tout ça avec les yeux d'une gamine. Rester calme, rester composée. Elle était Revy Black, elle devait faire honneur à sa réputation et.... oh mon dieu une gare de train!

- Pas eu la chance d'essayer le train. Je trouvais toujours une charette ou je marchais, avoua Revy à Erwin.

Tout en dissimulant son excitation de pouvoir monter dans un train, un vrai! L'odeur de leur point d'arrivée s'estompa avec la distance. Ça ne devrait leur avoir collé à la peau. Non, s'assura Revy qui renifla son bras, ils ne sentaient pas les bas quartiers. Chanceux. Elle plongea la main dans sa poche et ressorti le papier qui lui avait donné.

- Précieusement gardé, dit-elle. Mais... vous... vous allez pas devoir payer? C'est votre billet que vous m'avez donné, et je pense pas que les conducteurs de train soient aussi familiers avec vous que les marins.

Mais elle prit la tête du duo en trottant presque vers la gare.