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 Tutrice semi-royale

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Warui Sytha
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MessageSujet: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyLun 9 Oct - 1:06

Ceci s'annonçait comme étant un autre jour comme les autres. Le manoir grouillait d'activité, les domestiques, les cuisiniers, les dragonniers, les enfants. Dans les couloirs de pierre et de chêne marchaient Elleira Sytha, Jarl de Wotkal et d'Alserd. Tous s'inclinaient sur son passage avant de retourner à leur besogne. Derrière elle suivait une forme blanche qui lui collait au train sans rater un pas ou une marche. Devant les portes de la salle d'audience, Elleira se tourna vers sa fille cadette et croisa le regard de feu de sa plus jeune enfant.

Warui avait maintenant 10 ans, elle démontrait une affinité avec la magie de feu familiale mais avait besoin d'un coup de main pour pleinement la manier. Elleira était occupée à ménager la province, Surric l'assistait dans ses tâches mais il supervisait l'élevage. Asger n'enseignerait jamais la magie à sa soeur, il n'avait aucun talent magique et se concentrait sur son commerce de métal. Astrid était déjà partie et mariée à Embla, elle avait sa propre taverne et deux enfants. Warui n'était pas chanceuse et la petite le savait, elle regardait sa mère avec deux yeux suppliants, elle voulait que sa mère passe la journée avec elle, elle voulait que sa mère, sa mère qui avait déjà atteint quatre queues, lui enseigne la magie.

Elleira eut un soupir. Elle posa sa main sur la tête de sa fille et lui caressa doucement les cheveux.

- On verra plus tard, dit la jarl.
- C'est toujours 'plus tard', protesta Warui les oreilles baissées. C'est jamais maintenant!
- La province ne se gouverne pas seule, Syab a besoin de Maman.
- Moi aussi j'ai besoin de toi!

Elleira prit Warui dans ses bras et lui donna un câlin.

- Je serai avec toi après, je te le promets. On ira faire un tour aux sources, juste nous deux.

Warui regardait sa mère, incertaine:

- Okay...
- Maintenant, dans ta chambre et étudies, j'ai été chercher quelques chorégraphies des Archives, on les mettra en pratique cette semaine.

L'enfant eut un sourire complice et s'éloignant en courant, ses lunettes rebondissant au gré de ses pas. Dans un coin, une ombre se détacha et rejoignit la Farid bleue, une autre Farid, noire celle-ci, vêtue d'une armure de cuir noir et léger, armée de dagues.

- La fierté d'une mère, petite soeur? dit la Farid noire.
- Quand on pose les yeux sur un tel trésor? Tous les jours, Rhyas, tous les jours, affirma Elleira en se retournant vers les portes de la salle d'audience.

Sa soeur la suivit sans hésiter. Les autres chefs étaient déjà rassemblés et discutaient entre eux.

- La délégation des Targavin devrait bientôt arriver, informa Rhyas.
- Bien.
- Le messager a bien été escorté, tout est clair.
- Uh uh.
- Est-ce une bonne décision? Tu sais très bien pourquoi ils viennent et ce qu'ils attendent.
- C'est pour des cas ainsi que tu m'es utile, assura Elleira. Je veux que tu surveilles, que tu sois une ombre, que rien ne m'arrive à moi, mon mari et mon héritière.

Rhyas s'inclina en silence et disparut sans un bruit. Elleira alla s'asseoir sur son trône, prête à attendre les invités principaux du jour.


Dernière édition par Warui Sytha le Jeu 15 Fév - 13:38, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyLun 9 Oct - 17:28

Les carreaux vibrent sous les assauts du vent ; ceux qui ont pu trouver refuge à l'intérieur n'en paraissent savourer leur situation que davantage, et certains vont jusqu'à s'offrir le luxe rassurant d'une source chaude bien à l'abri des intempéries. Une petite parcelle, minuscule et toute ténue, lovée dans un coin de mon esprit, se prend à les envier un peu. Mes mains se serrent sur les épaules du très jeune mâle qui m'accompagne, sous le coup d'une expectative angoissée ; je le dérange peut-être dans son observation fascinée des lieux, mais il a la bonté de n'en rien laisser paraître en se contentant de les tapoter dans un geste apaisant alors que je le tiens contre moi, convulsivement protectrice. Les sons de pas affairés s'écoulent tout autour de nous pendant qu'un second knörr est rallié au port et que les marchandises du premier sont indexées avec soin. Je me sens comme une bête de somme qu'on se déciderait à présenter en concours : avant même de toucher terre et par mes propres sœurs, j'ai été désarmée, débarrassée de ma cape et de mes breloques, lavée et coiffée de frais puis couverte de ce qu'on avait de plus fruste parmi les frusques qui étaient stockées à bord. Shasta, ce tout petit frère que je garde près de moi, a échappé à cette inspection minutieuse ; nos gens lui sourient encore en passant, perdent sur son front ou son bras une tape d'encouragement. Quel curieux spectacle ça a été d'être apprêtée si chichement par les femmes et les filles avec qui j'avais tout partagé jusqu'à aujourd'hui, de mon pain jusqu'aux sourires, et de n'en voir subsister aucun souvenir sur leurs figures ! Je sens passer tout autour de moi des inconnus au visage familier qui s'empressent dans la halle vide vers l'huissier. Sous les regards inquisiteurs et purement professionnels de ce vieux mâle, je me serais probablement sentie plus nue dans une tenue qui aurait porté mes choix et mon histoire : ici, rien ne lui a été laissé pour juger de moi avant que ses supérieurs ne se soient fait un avis par eux-même. J'aimerais pleurer, mais il n'y a que le froid pour remplir ce vide qui s'est creusé dans ma poitrine, toujours plus profond comme les jours avançaient : je me suis résignée, peut-être, et l'idée m'insupporte. Mes frères et mes sœurs charrient dans leur course des notes aussi fruitées qu'épicées, vivantes. Ici, en traversant les quais, j'ai eu le sentiment que tout y est différent : les sons, les odeurs, les couleurs – je ne me sens pas la bienvenue. Et alors que mes regards se perdent en menues explorations le long des solides charpentes, je ne réalise pas que des pas claquent jusqu'à mon niveau, ni que le farïd qui les accompagne me fait maintenant face. Je n'ai pas la force d'être surprise quand une grande main dorée vient ébouriffer tout affectueusement la tignasse rase de mon cadet ; après une hésitation un peu vague, presque gênée, Imbir finit par s'accroupir à ma hauteur, comme si toute cette scène autour de nous n'était rien – rien de plus qu'un mauvais rêve dont le souvenir irait mourant avec le réveil. Rien ne semble s'être jamais passé quand il me regarde dans les yeux, un brin bourru, et qu'il me demande :
    « Ça va aller, ma grande ? »
Entendre sa voix s'adresser à moi est le plus beau moment de cette journée. Comme je ne lui accorde qu'un hochement de tête un peu éteint, il répète :
    « Tu es sûre ? Tu tiens le coup ?
    Oui, mon oncle » essayé-je d'assurer ; puis, détournant mes yeux des siens pour les fixer sur un point dans la direction des allers et venues de nos gens : « ce n'est pas vraiment comme si j'avais le choix non plus. Je vais m'y faire. »
Le ton que j'adopte et la longue inspiration qui achève ma phrase font se pincer ses babines ; il prend finalement le parti de soupirer à ma place et nous attire tous les deux à lui, mon frère et moi. L'accolade qu'il donne à ses neveux vaut celle d'une mère : elle tout aussi chaleureuse, bien qu'un peu rustaude. Ses vêtements sont encore imprégnés du parfum de la maison, des Glaciers, des voyages et de nos navires. Ce bref instant, j'essaie de m'y attacher comme si l'étreinte allait durer toujours ; je ferme les yeux pour revoir ma maison, goûter nos plats encore une fois, jouer et danser avec nos sœurs et nos frères qui me sourient encore. Ce sont les mêmes souvenirs qui secouent peut-être les épaules de mon benjamin, pourtant abrité du froid au milieu de notre étreinte quand il pépie d'une voix flûtée :
    « Imbir, le vent mord, ici … »
Je ne saurais dire duquel de nous trois s'est échappé le reniflement qui a suivit ; mon oncle nous éloigne, ses mains toujours sur nos épaules. Il nous regarde comme s'il nous voyait pour la toute première fois : je vois ses yeux qui bondissent d'un détail à l'autre de notre visage. Après un sourire un peu forcé et une tape qui se voudrait rassurante, il se relève et nous escorte vers l'huissier. Tout autour de nous, le cours du temps reprend, semble même vouloir rattraper le retard pris. Je vois Imbir tendre la main vers un épais codex que lui remet l'autre mâle.
    « Tout y est, Targavin. Vous êtes en règle. C'était bien vous, la dernière fois, non ?
    Oui, j'étais venu réclamer une audience.
    Hm ? Oui, oui … » murmure le mâle en furetant dans ses papiers avant de marquer une certaine ligne du bout du doigt. « Voici : un messager est arrivé il y a près d'un quart d'heure. Maintenant que tout est bon, je peux vous lasser disposer. Je vous laisse un duplicata de tout ça. Vous savez où se situe le grand hall ? »
Mon oncle répond par la négative et nous prenons la route ; celle-ci fourmille de farÿd, et parfois même d'humains tout à leurs échanges animés. Imbir nous accompagne seul vers la demeure du jarl de Woktal, y ayant seul demandé cette audience. Un éclair blanc croise notre route. Nous passons sans problème les différentes portes qui nous séparent encore d'Elleira, chacune ponctuée par des hochements de tête à l'adresse du plus âgé du trio ; je crois sentir leurs yeux me brûler la nuque chaque fois que je m'éloigne et qui font fondre mon peu de détermination comme neige au soleil … tant et si bien qu'à la dernière porte, je me tiens aussi raide que si les battants allaient claquer sur moi comme les mâchoires d'une orque. Nous échangeons un dernier regard avec mon oncle, suivi d'un hochement de tête avant qu'il ne demande permission d'entrer à l'intendant. Shel quitte mon côté pour celui de mon oncle ; les portes s'ouvrent ; nous entrons. Là, toute la vague des discussions qui nous a happés cesse soudain ; tous les chefs se sont tus ; derrière-nous, les portes se sont refermées. Le plus petit fragment de silence me paraît s'étirer sur des décennies entières, et quand la voix de mon oncle perce et s'élève sur l'assemblée pour s'annoncer, je me sens vieillie d'éons entiers.
    « Imbir Targavin, porte-parole du clan Targavin dans les affaires qui nous intéressent aujourd'hui, et accompagné de mes deux neveux. »
Il esquisse un pas de côté pour nous permettre de nous avancer. Il me murmure un doux et discret « Niiz » pour m'inviter à prendre la parole. Je choisis de baisser la tête pour me couper des regards de ces familles inconnues, tout en leur offrant ma présentation la plus complète et la plus neutre possible :
    « Je suis Nosha Targavin, nièce d'Imbir et fille de Myrna, mage signeur et médicaliste répondant au surnom de Zima. Je vous confie ces noms et suis ce jour votre obligée ; disposez de moi comme vous l'entendrez au cours de ce conseil.
    Et voici Shelumiel Shasta Targavin, au nom duquel je m'exprimerai en ma qualité d'oncle. Dis bonjour, Shasta.
    Bonjour. »
Toujours inclinée, mes épaules sont empesées de la grandeur des lieux et des regards alentours. Une voix finit par reprendre après ce qui pourrait être une éternité …
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyMar 10 Oct - 13:37

Gersemi courait à toute vitesse pour retourner dans sa chambre, le son de ses lunettes rebondissant résonnait dans ses oreilles. Elle croisa le chemin de trois Faryd, un adulte et deux enfants. Le temps semblait ralentir alors qu'elle passait à côté d'eux. Elle ralentit et s'arrêta pour se tourner vers les nouveaux arrivants. Ils n'étaient pas d'Alserd, ils n'étaient pas de Woktal. Leurs vêtements ne ressemblaient en rien à ce qu'elle connaissait. Ils avaient piqué sa curiosité et elle en oublia ses études du jour, ils étaient beaucoup plus intéressants! L'enfant albino les suivit avec patience, intriguée. Ils étaient conduits par un des messagers d'Elleira, ils devaient être d'une autre province. Gersemi sa cachait derrière les alcôves et les piliers, les guettant avec ardeur. Ils franchirent les portes qui menaient au grand hall! La petite se rendit au portes, une fois celles-ci refermées. Sa mère était dans la salle en ce moment! Ils avaient des invités? Pourrait-elle entrer et se cacher pour voir ce qui se passait en ce moment même? Ou devrait-elle retourner à sa chambre où les documents avaient été livrés et l'attendaient? La petite s'assit sur le sol devant les portes, indécise. Derrière elle, une ombre noire mit une main sur son épaule.

- Puis-je suggérer que vous retourniez à vos quartiers, ma Dame? dit Rhyas.
- Mais je veux savoir ce qui se passe! répondit Warui.
- Vous les saurez en temps et en lieu.
- Et j'aime pas quand tu me parles toute polie! Je suis seulement ta nièce.

Rhyas aida l'enfant à se relever.

- Alors, de tante à nièce, Warui: vas dans ta chambre, étudier, comme ta mère te l'a demandé. Elle a promis qu'elle irait aux Sources après, en échange de quoi tu étudierais comme une adulte.

L'albino grogna de protestation et obéit. Rhyas la regarda aller et retourna dans la salle d'audience à sa façon une fois que Gersemi fût hors de vue. Elleira ressentit la présence de l'assassine derrière son trône, celle de sa fille s'éloignait. Devant elle se trouvaient les trois Faryd qui avaient demandé audience avec elle.

Elle avait entendu qu'ils s'étaient tournés vers elle dans leur détresse. Le jarl de Davoh n'aurait jamais accepté de garder la jeune Farid, les Zmar de Skavot encore moins! Il ne restait que les Wulf et les Sytha. Elleira entretenait des relations tendues avec Balder Wulf. La contacter elle était plus avantageux pour les Targavin: Les Sytha clamaient une ascendance divine, avaient une fortune à leur disposition, avaient accès plus facilement aux souverains et faisaient déjà affaire avec les marchands. Assis aux tables entourant le feu, Bjarni Saixa, Asta Areza, Calder Sirch et Surric Belac observaient.

Imbir se présenta. La jarl le reconnu. Elle avait déjà passé par lui au sujet de quelques échanges antérieurs. Le sujet de toute son attention prit la parole et se présenta. Elle dévoila son nom en signe de bonne foi. Surric regardait sa femme, qui elle-même fixait Zima et son frère. Rhyas, toujours dans l'ombre. était immobile. Alors, la complice de Cirrus Zmar était cette enfant? Elleira fronça les sourcils. Les Targavin n'avaient aucune raison de vouloir souhaiter la mort d'un jarl, leur vie dépendait de leur commerce et les nobles étaient leur meilleure source de revenus. Savait-elle dans quoi elle s'embarquait quand elle a accepté d'aider l'exilé dans son plan macabre mais oh si ordinaire. Elleira allait prendre la parole quand Imbir présenta Shasta et que le jeune Farid blanc la salua. Rhyas dut retenir un rire pendant que sa soeur tentait de garder sa façade impassible. Son plus grand point faible, un enfant qui souriait, et il était tellement adorable qu'elle pourrait fondre sans le moindre regret!

La jarl bleue toussota faiblement, se remettant de ce moment, même Surric retenait un sourire sous le regard meurtrier de ses confrères beaucoup plus sérieux.

- Venons-en au point, dit Elleira en fixant Zima et le lâchant du regard.

Elle pouvait sentir la magie provenant de Nosha, comme si les trois queues de la petite n'étaient pas un preuve suffisante. Elle avait une idée de quoi faire d'elle.

- Quelle est ta part de faute dans l'assassinat de la famille du jarl Oldren Zmar?

La jarl doutait que Nosha soit entièrement dans le coup et rien de plus qu'une victime du complot qui devait subir de graves conséquences mais elle voulait que la jeune mage confirme ses pensées.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyMer 11 Oct - 5:06

Je crois sentir le regard de la jarl me brûler la nuque, et quand je lève mes yeux vers les siens, ces derniers me donnent la désagréable impression de chercher à fouir la moindre parcelle de mon âme. Plus impassible que la mer quand celle-ci est d'huile, n'importe qui de suffisamment peu naïf peut percevoir les ombres de ses pensées se mouvoir dans des abysses insondables, indistinctes et terriblement menaçantes. La voix seule de mon benjamin parvient à fêler le miroir froid et stoïque de sa figure où un sourire se fait violence pour essayer de percer ce voile d'austérité. Mon oncle, sur un ton de réprimande, reprend mon frère.
    « Shel, la politesse.
    Ah ! Enchanté, madame le jarl de Woktal. »
À côté de moi, Shasta esquisse une révérence et se tient ensuite droit comme un i, parfaitement immobile alors que les traits d'Elleira revêtent peu à peu leur tranquillité marmoréenne. J'ai le temps de saisir au vol quelques traces d'une surprise contenue avant qu'elle ne se referme tout à fait ; pour se laisser le temps de soigner sa diction, elle toussote avant de me considérer toute entière comme si de rien n'était. La question sur laquelle elle enchaîne fait mouche, et je ne sais d'abord que répondre de mon implication dans le crime odieux qui me pousse aujourd'hui réclamer asile auprès d'elle. Je contemple un instant le sol avant d'aller puiser le courage nécessaire à ma réponse dans une longue inspiration, faisant le choix d'une parfaite neutralité.
    « Les victimes de ce crime, dont parmi elles Oldren Zmar, ont été atteintes de délires et d'hallucinations aidés par une brutale détente musculaire, dont celle des muscles oculaires ; leur pouls a progressivement ralenti jusqu'à être tout à fait imperceptible ; ils se sont déshydratés à une grande vitesse, pris de suées et de diarrhées sanglantes ; leur température corporelle a fortement diminué, et les problèmes neurologiques, tremblements puis convuldions se sont multipliés jusqu'à ce qu'à la fin, le cerveau et le cœur s'arrêtent. Les plantes responsables de ces symptômes et de ce qui en a résulté sont la gyromitre comestible, l'amanite phalloïde, le colchique d'automne et l'aconit napel qui aurait suffit à elle-seule à entraîner le décès prématuré de la famille – les autres plantes employées dans la confection du savon offert par Cirrus Zmar à sa famille ont elles contribué à détruire le foie et les reins, ce qui a très vraisemblablement eu pour effet de transformer toute tentative de sauvetage par les guérisseurs en empoisonnement supplémentaire de leurs patients. Cela a pris six jours. »
Je refoule la nausée soudaine qui me saisit à la gorge et me griffe l'estomac avec une impitoyable sauvagerie ; j'essaie de la faire passer en reprenant une goulée d'air ; je raidis les bras et mes jambes pour en masquer les tremblements. Ma bouche est sèche quand je poursuis :
    « J'ai fourni chacune de ces quatre plantes à Cirrus Zmar, ce à titre de service pour celui qui se prétendait l'héritier du titre de jarl de Skavot et sans en avertir le reste du clan Targavin, rompant par là même notre principe de non-ingérence dans les affaires politiques de nos partenaires commerciaux. J'ai, dans cette affaire, une part d'implication au moins aussi importante que celle du traître et de l'infanticide Cirrus Zmar. »
Je fais un effort monstrueux pour ne pas baisser les yeux et prendre de face la réaction toute entière de l'audience ; à ma gauche, Shel se tortille comme s'il se retenait lui-même un commentaire, retenu en partie par la pression de notre oncle sur son épaule.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyMer 11 Oct - 13:25

Elleira devait encore se retenir de sourire quand Imbir demanda à son neveu de se corriger, quoique la surprise était passé. Nosha prit un moment pour se donner du courage avant de répondre à sa question. Elle regardait la jarl dans les yeux, un affrontement entre deux têtes fortes. La jeune signeuse entreprit de décrire chaque plante et chaque effet dans les moindres détails. Elleira haussa les sourcils d'admiration face à une telle mémoire et connaissance médicale qui était émanait d'une jeune Farid pas encore tout à fait adulte. La jarl connaissait quelques-unes de ces plantes, Rhyas en faisait parfois usage à sa demande, et sur son visage se lit l'empathie qu'elle avait pour les malheureuses victimes des ambitions d'un jeune noble prêt à tout.

Elle lui confirmait un doute: que Cirrus avait agît en cachette en laissant tout le monde dans le noir. Elleira pianotait légèrement de sa main gauche sur le bras de son siège, sa main droite repliée devant son menton, ses quatre queues remuant légèrement au gré d'une brise inexistante. Calder Sirch prit la parole en premier, après que Nosha eut fini d'avouer ses actes:

- Quelle garanti avons-nous? Rien ne dit que les Targavin n'étaient pas dans le coup!
- Pour tout ce que nous savons, vous aviez à gagner d'une telle atrocité! approuva Bjarni Saixa d'un ton venimeux.
- Exactement! Et nous mettre nous-mêmes à risque? appuya Asta Areza en donnant un coup de poing sur la table et regardant Elleira. Garder une empoisonneuse ici! À Alserd? Où se trouvent les souverains?
- C'est complètement impensable! s'écria Calder.

Des quatre têtes, Surric n'avait pas dit le moindre mot, pendant que les trois autres tentaient de convaincre leur jarl de se ranger de leur côté. Elleira ne les regardait aucunement, elle était concentrée sur les enfants en face d'elle et les charges qui pesaient sur leurs âmes. Pour la jarl, le hall était assourdi, les querelles verbales étaient un bruit de fond qui ne méritaient pas son attention.

Elle avait devant elle deux victimes. Et le clan de ces victimes tentait de conserver son honneur. Si personne ne se portait à leur défense, ils devraient fuir le royaume. Mais... Nosha démontrait des aptitudes qui pourraient lui être extrêmement utiles. Elle avait une idée. Derrière elle, Rhyas acquiesçait d'un hochement de tête. Les seigneurs étaient encore en train de parler quand Elleira leva la main. Ils se turent instantanément. Surric soupira de soulagement. La jarl voyait en ce moment une occasion, une opportunité, une chance.

- Je vous accorde, à toi et ton frère, le droit de rester, en tant que réfugiés, parmi le clan Sytha...
- Ma Dame! Vous n'y pensez pas!? l'interrompit Bjarni en repoussant sa chaise.

La Farid bleue le fixa d'un regard meurtier. Rhyas resserrait son étreinte sur la poignée de sa dague, attendant le moindre signal. Les oreilles de Bjarni tombèrent en croisa les yeux de la jarl. Elleira le regard encore quelques secondes avant de reporter son attention sur Nosha et Shasta.

- ... avec deux conditions, poursuivi-t-elle comme si de rien n'était. La première, ceci étant une faveur rendue aux Targavin, une faveur très importante d'intérêt national, accorde aux Sytha de redemander un service pour un service, au même prix.

Avoir un accès plus facile aux marchandises des Targavin, pensa Rhyas.

Elleira avait même un sourire carnassier. Les seigneurs en frissonnaient.

- Héberger ainsi la complice d'un tel meurtre n'étant pas sans sa part de risques, il ne serait que tout naturel d'offrir compensation pour une faveur aussi importante, continua la jarl. Nul doute que les Targavin pourraient voir leurs coffres plus remplis de l'or des Sytha. Un simple échange d'un service pour quelques biens... ou plutôt... un peu plus d'exclusivité en échange de ces deux enfants.

Elle claqua des doigts, un simple son sec. Rhyas sorti des ombres et se plaça à côté d'elle. La ressemblance ne pouvait être plus frappante entre les deux femmes. À sa main, l'assassine tenait encore sa dague qui reflétait la lueur des lampes au plafond.

- Bien sûr, je n'accepterai pas sans avoir de contre-mesure. Et puisque je ne planifiais pas d'héberger gratuitement mes deux nouveaux invités, j'ai une tâche très précise à leur confier.

Les seigneurs n'osaient se mêler à la conversation.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyMer 11 Oct - 19:06

Je ne quitte pas la jarl des yeux quand la marée montante des remontrances et des indignations diverses vient engloutir la salle d'audience ; parmi eux tous, Elleira s'élève en îlot de calme et de sérénité, indifférent aux flots tumultueux et à la tourmente qui hurle à l'entour. Elle n'en est que plus inquiétante : ses yeux n'ont pas bougé des miens, et j'y ai lu qu'elle savait ce dont je parlais en abordant le sujet des poisons. Je crains sa réaction autant que je l'attends, moins insensible à l'orage qui agite son conseil. Le temps paraît s'étirer devant nous trois, mon oncle, mon frère et moi ; nous nous efforçons de ne rien entendre qui pourrait ressortir de la cacophonie ambiante pour nous heurter avant que la jarl n'exprime son jugement – Imbir nous a bien prévenus que la moindre ingérence ici risquerait de nous être tout aussi fatale que celle qui m'a condamnée à l'exil ; je suis de toutes façons bien trop découragée pour faire face et répondre à tous.

Qui cessent.

Soudain.

Et au seul geste de la farïd qui les gouverne. Sa voix est calme quand elle introduit à la foule sa décision, ce qui n'empêchent pas les lames de ses iris d'aller trancher la langue des imprudents tentés de l'interrompre avant que ses conditions ne soient exposées. Progressivement, nous la voyons tous qui retrousse ses babines sur une rangée de dents tranchantes et avides, dans un sourire inflexible. À la stupeur des seigneurs attablés, Imbir s'illumine d'un sourire qui lui fait miroir, tapotant du bout des doigts la reliure du codex précédemment rempli par l'huissier.
    « J'ai ici, jarl Elleira Sytha, un compte-rendu détaillé de l'acompte que nous vous proposerons aujourd'hui à titre d'aperçu des compensations qu'entraîneraient un accord commun au sujet de ces enfants. Permettez, ma dame. »
Mon oncle présente l'ouvrage à distance raisonnable du trône, comme s'il avait pressenti cette forme jaillie des ombres qui répond sur un geste de sa jarl. Elle se poste avec grâce sur le côté du trône, curieusement inquiétante. C'est à peine si Imbir cille ; c'est peut-être pour cacher un quelconque trouble qu'il met genou en terre et incline sa tête, n'attendant qu'un mouvement significatif de l'approbation de la part de l'une des deux femmes pour remettre lui-même l'ouvrage. Quand Elleira poursuit au sujet de compensations supplémentaires, je sens que la remarque s'adresse davantage à moi qu'à mon oncle, aussi saisis-je l'opportunité de la parole au vol pour annoncer un très humble :
    « Ma Dame, je suis présentement votre entière obligée et prendrai chacune de vos paroles pour un ordre. »
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyMer 11 Oct - 19:47

Rhyas suivait Imbir des yeux avec attention, ainsi que sa soeur cadette. Le marchand venait de s'agenouiller devant elles, tendant un livre qu'il disait être l'état de compte d'un tel marché. Elleira se leva de son trône et s'avança vers Imbir avec une grâce propre aux Signeurs. Rhyas rangea sa dague dans sa manche en réaction. La jarl prit doucement le document de la main du mâle en face de lui et commença à lire ce qui était écrit, chaque détail renforçant son sourire. Les quatre autres ne pouvaient que regarder en silence, se faisant remémorer comment et pourquoi Elleira était en pouvoir et non seulement pas sa lignée. Les rumeurs se promenaient qu'elle usait de la force ou des ombres pour assurer son règne, mais en ce moment elle se servait de faveurs et de promesses, contrats verbaux et écrits qui avaient autant de valeur que la roi d'un roi en son domaine.

La jarl feuilleta tranquillement les pages, émettant quelques 'hum hum' de temps en temps. Elle referma doucement l'ouvrage après que Nosha eut renforcé sa position et son serment envers elle. Elle tendit d'une main l'ouvrage à Rhyas qui le ramassa à son tour avant de disparaître sans la moindre trace. Nul doute que les seigneurs à table voulaient se renseigner sur les termes du contrat mais ils pouvaient attendre. Ce qui favorisait les Sytha les favorisait eux aussi.

- Puisque le contrat prend effet à partir de ce moment même, dit Elleira qui regardait surtout la jeune Signeuse, je désire faire part de la deuxième condition.

Rhyas réapparut aux côtés de sa Dame, à genoux.

- Elle peut entrer, dit la Farid bleue en ne quittant pas Nosha du regard.

L'assassine hocha positivement de la tête et sortit par la porte, passant juste à côté des invités.

Aucun mot ne fut prononcé par les Farid du manoir pendant quelques minutes qui semblèrent durer des heures. Le bruit de pas finit par se faire entendre, deux personnes. Rhyas accompagnait Gersemi, qui avait mis de meilleurs habits pour l'occasion. Les chandeliers de la salle, combinés aux grandes fenêtres et la belle journée, avaient poussé l'enfant à mettre ses lunettes sur son visage, ce qui ne l'empêchait pas de très bien voir ce qui l'entourait. Elle jeta un regard à Nosha et Shasta tout en rejoignant sa tante aux côtés de sa mère. Gersemi se fit droite et haute malgré sa petite taille.

- Tu peux les enlever, lui chuchota Elleira, le soleil est de dos.

L'albino hésita avant de retirer sa protection oculaire, gardant les yeux fermés pendant qu'elle frottait pour finalement les ouvrir et regarder la Farid brune avec incertitude. Elleira posa une main sur l'épaule de sa cadette, n'ayant pas perdu son sourire.

- La deuxième condition... est de tutorer ma fille, Warui treizième du nom, dans les arts des Signes.

Warui ouvrit les yeux de stupéfaction. Elle ne fut pas la seule, les seigneurs étaient outrés, sauf pour Surric qui était intéressé et curieux du raisonnement de sa douce. Il était vrai que Nosha avait déjà trois queues... là où la future jarl de Woktal n'en avait qu'une.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyVen 13 Oct - 18:27

[Musique]

De là où nous nous tenons mon frère et moi, nous avons une vue imprenable sur les menues provocations qui montent comme des enchères entre le marchand et la jarl. Les tractations ont tracé un cercle sacré tout autour des deux farÿd qu'aucun des seigneurs présents n'aurait eu le cœur à briser. La confiance manifeste que le mâle doré irradie lui est permise par ce qu'il connaît des habitudes commerciales des Sytha, et je ne doute pas qu'il ait fait présenter l'inventaire de notre « acompte » de telle manière à ce que la manœuvre soit perçue comme un clin d'œil complice. Sa lecture achevée, le codex est remis entre les mains de la femelle jaillie des ombres … qui y disparaît aussitôt. J'appréhende la dernière condition dont s'apprête à nous faire part notre hôte alors qu'elle semble considérer l'accord signé et en ordre. J'aperçois une raideur dans la mâchoire d'Imbir ; ses oreilles sont levées et attentives : il n'a pas donné son dernier mot lui non-plus. Peut-être que si je n'avais pas eu sa présence rassurante à proximité j'aurais tout accordé à Elleira ; pour l'instant, il m'invite à rester sur mes gardes. Alors qu'il est lui-même à genoux devant elle, je soutiens son regard, dans l'attente de ce qui pénétrera la salle à notre rencontre.

Le soleil reparaît ; il répand généreusement sa lumière dans toute la salle avant de rebondir sur la blancheur immaculée de la petite adolescente qui se présente. Malgré la fierté de sa tenue, sa gestuelle est teinte d'hésitation face à cet étrange trio qu'elle ne connaît pas. J'ai bien des peines à ne pas ciller ; mes yeux se sont déjà asséchés à se fixer dans ceux de la jarl – peine que sa fille semble partager quand elle retire de son museau la petite paire d'optiques qu'elle y avait suspendues. Près de moi Shasta la salue d'un signe de main – tout sourire, probablement de s'être reconnu un pelage en commun avec la femelle. Je suppose que la jeune héritière (dont tous les farÿd doivent avoir déjà une description assez détaillée en tête) ne sera pas pour lui une gageure en matière de mémoire. Pour moi, elle compose un véritable défi quant à deviner ce que cette petite attend de mes services. La nouvelle tombe, et pour le moins surprenante ; elle me fait le coup d'un pavé dans une mare ! On la croirait faite sur un coup de tête ! La petite elle-même n'en revient pas.

Imbir s'est relevé ; dans les intonations que prend sa voix, je le sais sourire.
    « Si le contrat prend effectivement effet, je pense qu'il serait sage de laisser votre fille se faire une idée de son enseignante de son côté pendant que nous discuteront nous-même de chiffres et de pourcentages – quelque chose qui vous intéressera probablement bien plus que votre fille. »
Je baisse la tête devant Warui, treizième du nom, envahie par l'étrange impression qu'Elleira s'amuse un peu à mes dépend en envoyant devant moi une enfant à peine plus âgée que ceux dont j'ai décrit la sinistre fin. Je n'attends que sa permission pour disposer en compagnie de l'albinos et de mon frère, le temps que soit finalisé le plus gros des tractations.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptySam 14 Oct - 0:33

Contrairement à ce que certains pensaient, Elleira n'avait pas énoncé sa condition au pif. Elle ne pouvait éduquer sa fille toute la journée... mais elle pouvait la confier à quelqu'un. La jeune Signeuse serait à la hauteur, elle en était certaine. La jarl tapota doucement l'Épaule de Warui, un grand sourire au visage, qui n'avait pas perdu son côté aiguisé. Imbir évoqua le besoin de discuter des fins détails de la transaction du jour. Elleira aquiesça, ainsi qu'à sa propostion de laisser les enfants se connaître.

Warui s'accrocha timidement au manteau de sa mère, tentant de comprendre ce qui venait de se passer. On la laissait avec deux étrangers? Comme ça? Son étreinte se ressera, elle se fichait bien de ce que les seigneurs pouvaient penser d'elle ce moment! Le sourire du Farid doré en face de sa mère ne la rassurait aucunement.

- M... Ma... man... gémit Warui.

Elleira s'adoucit instantanément. Toute la façade qu'elle démontrait dans la salle d'audience disparu dès que la petite s'adressa à elle. Elle savait que Warui ne coopérerait pas facilement, elle savait que sa fille n'était pas ouverte aux étrangers, elle savait que malgré ses efforts la petite dépendait beaucoup de ses parents. La jarl, laissant faire tout port noble, se mit à genoux aux côtés de Warui. Celle-ci s'accrocha encore plus. Elleira posa sa main sur la tête de l'enfant, lui caressant doucement les cheveux. Warui essayait de rester neutre mais la nervosité l'emportait. Elle gémissait faiblement, regardant sa mère dans les yeux.

- Vas avec Zima et Shelumiel. Je vous rejoindrai bientôt, lui dit la Farid bleue avec tendresse.
- T'avais... promis... d'aller aux sources... avec moi, hoqueta Warui.
- Maman a quelques détails à régler avec Mr Targavin, répondit Elleira. Je viendrai vous voir après, et on ira aux sources voir les dragons.

La jeune albinos renifla un peu. Comme Elleira se relevait, elle refusait de lâcher prise. Elle ne voulait pas se faire dire quoi faire par une autre enfant! Une étrangère en plus! Elle se fit doucement détachée par sa mère.

- Surric, appela la jarl en tournant la tête vers son mari.

Le seigneur se leva de sa chaise, contourna la table et rejoignit sa femme.

- Aller, Princesse, on ne fait pas attendre ses invités. C'est une règle de courtoisie.

Surric prit sa fille par les épaules et l'emmena vers Zima et Shelumiel, leur dit de le suivre et les escorta jusqu'aux quartiers de Warui.

Pendant que le groupe quittait la salle, Elleira dit aux autres seigneurs que l'audience était terminé et qu'elle désirait être seule avec Imbir. Elle reprit son maintient royal et invita le marchand à la suivre dans une plus petite salle adjacente où ils pourraient discuter des modalités entourant le séjour de ses neveux.

Du côté de Warui, Surric les accompagna jusqu'à sa chambre. Il était de bonne humeur et cela irritait la jeune Farid blanche! Quand il leur dit qu'il devait examiner un ou deux dragons malades, il sortit avec un immense sourire, laissant Warui seule avec les deux réfugiés. Elle regardait Zima d'un oeil méfiant, Shelumiel encore plus car il était trop joyeux à son goût. L'hospitalité des Sytha? Ha! Elle devait quand même faire bonne impression, ou du moins se racheter, et montrer sa dignité.

- On peut... s'asseoir, dit-elle aux deux autres en tendant le bras vers la table où les parchemins étaient encore posés.

À l'extérieur de la chambre, Surric croisa Rhyas. Leurs regards se rencontrèrent sans un mot. Le Farid blanc poursuivit son chemin, l'assassine veilla sur sa nièce. Elleira était très capable de se débrouiller par elle-même.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyJeu 19 Oct - 10:55

Dire que la jeune Warui n'est pas en confiance serait euphémique : la seule annonce de ses enseignements futurs suffit à plisser sa petite truffe et à faire briller ses yeux de grosses larmes. Sa voix flûtée est secouée de sanglots quand la jeune héritière commence … un caprice. Je ne crois pas pouvoir être plus frappée par le contraste que cela creuse avec la situation présente ; du moins, je ne le croyais pas jusqu'à ce que cette scène fasse fondre le masque de froideur d'Elleira qui lui coule du visage et adouci ses traits incisifs. Les bras ne pouvant m'en tomber littéralement, ma mâchoire, elle, tente de suivre le mouvement. Je quête une quelconque ombre dans l'attitude de mon oncle pour me rassurer ; il n'a pas un regard pour nous : il a, en réponse parfaite à la métamorphose de la jarl, adopté une attitude toute centrée sur l'adolescente. Son maintient plus souple me rappelle celui qu'on adopte pour appeler un chiot à soi ; il a le sourire bien plus doux et essaie de rassurer la petite albinos boudeuse.
    « Ne t'inquiète pas : ce ne sera l'affaire que de quelques minutes ; ta mère sera vite toute à toi et tu auras encore le temps d'aller aux sources. Mes neveux ne te mangeront pas – enfin, le petit blanc, je ne sais pas, mais il te demandera d'abord avant d'essayer. »
Quand le conjoint de la jarl se présente au côté de sa fille, il écrase de sa stature mon oncle encore à genoux. Nous ne sommes plus en audience ; j'ai l'impression de déranger un fragment quotidien et familial auquel je ne devrais pas assister. Surric détache sa fille de sa femme avec une tendresse qui n'appelle néanmoins pas de réponse et pousse en douceur l'enfant jusqu'à nous puis au couloir. Je jette un coup d'œil en arrière pour voir les nobles qui disposent maintenant librement de leur temps, échangent quelques commentaires à voix basse. Imbir s'est relevé avec lenteur. Je le vois, un instant avant qu'il ne disparaisse à ma vue, qui incline la tête à une proposition d'Elleira.
    « Avec plaisir, ma Dame. »
Les portes sont laissées ouvertes, mais les formes et les sons se confondent maintenant dans la distance ; je dois me concentrer sur les couloirs qui s'étendent devant nous pour ne renverser ni nobles ni serviteurs. Malgré le pas mesuré du Seigneur Surric, nous avalons vite la distance qui nous sépare de ce qui m'apparaît comme notre destination ; ici, un sentiment de confort et de chaleur nous enveloppe partout où nous posons le regard : murs et sol ont été assombris et ne renvoient donc pas avec autant de violence la lumière crue qui se déverse des fenêtres. J'en déduis, aux lunettes que j'ai aperçu plus tôt perchées sur sa truffe, que nous approchons des quartiers de mon élève. Je ne sais pas ce qui pousse tant Surric à sourire quand il décide de nous laisser entre-nous : sa fille ne semble pas très ouverte à notre rencontre, et sa mauvaise humeur est aussi contagieuse que manifeste (à un point que je suis surprise de ne pas voir son père se brûler les mains sur ses épaules). La porte se referme sans bruit sur son passage ; le battant ne marque pas le cliquetis si caractéristique de sa clenche ; nous ne sommes pas enfermés, ce qui est tout de même un poids en moins devant la mauvaise grâce que Warui tente de ravaler en se montrant aussi accueillante que le lui permettent les circonstances. Nous nous approchons d'une table toute couverte de parchemins, rouleaux et codex empilés et ordonnés à la va-vite et dont certains commencent à souffrir de l'équilibre précaire dans lequel ils ont été posés. J'ai peur que le silence ne s'étire indéfiniment ; Shelumiel ne s'est pas fait prier : à peine installé, il tient déjà l'un des documents entre ses mains.
    « Oh, Zima ! Ce sont des Signes ! » s'exclame mon benjamin de son ton un peu chantant ; il fronce un peu les sourcils : « ça s'apprend comme ça, aussi ?
    Donne-voir, Shel ? »

Je comprends ce qu'il veut dire quand j'observe les figures précises, tracés géométriques soignés qui s'amoncellent sur le fragment solide de peau tannée : Warui apprend les Signes par l'écrit et la science plus que l'instinct. Je reconnais certains des pas décrits ici et là ; d'autres me paraissent surannés. Je suppose que l'enseignement mathématique de cet art permet bien moins de flexibilité que celui, plus malléable, que m'ont offert les anciens du clan.
    « Je suis désolée d'avoir interrompu ta leçon, Warui », puis, me souvenant des mots que lui a adressé mon oncle : « ça ne durera pas longtemps : notre oncle ne tient pas vraiment à faire de nous des apatrides. Il ne le montre pas, mais il est près à payer de sa poche pour nous remettre en de bonnes mains. Et Elleira lui a plu, ça crève les yeux. »
Bien sûr, il ne lui aurait jamais dit que ce fameux « acompte » présenté en si grandes pompes est en fait un investissement personnel, ni comme le clan Targavin aurait souhaité me retirer mon nom plutôt que de voir placée sous la coupe d'un jarl : il a beaucoup dû faire jouer ses relations pour rassembler cette étrange « dot », faire peser Shel dans la balance, prétexter que l'honneur serait certes plus long à recouvrer ainsi mais bien plus brillant ceci fait. Cette place soudaine de tutrice – et plus encore : celle de l'héritière – permet déjà de rentabiliser des prêts qui, je le sais, ont dû lui coûter bien plus que ce qu'il laisse aujourd'hui paraître.

Je repose le parchemin.
    « Les discussions, c'est seulement pour la forme. »
J'essaie de sourire : la forme fait tout dans notre métier. Je me rappelle comme elle s'accrochait à la jarl dans la salle d'audience, incapable de lâcher le tissus de ses vêtements.
    « Dis-toi aussi que ce n'est pas parce que nous travaillerons peut-être ensemble à partir d'aujourd'hui que je te volerai du temps avec ta mère … elle préfère en passer davantage avec toi en tant que mère, et moins en tant que jarl … ou enseignante. »
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyJeu 19 Oct - 12:16

Warui fumait! Surric avait évité ses flammes en enveloppant ses mains de glace. Elle lui ferait payer! Ça et son sourire! Malgré sa contenance, quelques flammèches se faisaient voir sur sa fourrure. Elle devait respirer, respirer et se calmer l'esprit.

La chambre de Warui avait été modifié pour ses besoin, des teintes plus foncées pour mitiger le reflet de la lumière, même les chandeliers émanaient moins de luminosité, elle voyait mieux que la majorité des gens dans la pénombre. Bien qu'elle aimait porter ses lunettes, elle était mieux si ses yeux étaient libres de voir le monde sans entrave.

Elle attendit que Zima et Shelumiel soient assis pour les rejoindre. Elle avait 'rangé' ses choses quand Rhyas était venue la chercher. Elle était surprise que rien ne soit tombé. Shel se dépêcha de ramasser un parchemin avec enthousiasme. Warui ne put retenir son exclamation:

- A.. attention! Ils sortent des Archives!

Certains des papiers avaient plus de mille ans, dont celui que le jeune mâle tenait dans ses mains. Sa mère ne lui pardonnerait jamais si le document serait abîmé par sa faute. Zima y jeta un coup d'oeil à son tour, intriguant l'albinos par leur réaction. Une bonne part des documents magiques contenaient des siècles, des millénaires de connaissances transmises de générations en générations, avec une rigueur stricte. Certains des plus récents avaient écris par Elleira elle-même. N'ayant pu recevoir l'éducation ancestrale, elle avait du se fier aux Archives et avait modifié quelques danses pour convenir à son style. Warui en était encore au stade d'apprendre par l'écrit avant de vraiment mettre en pratique.

Les voir intéressés ainsi, elle vit qu'ils n'étaient que des enfants eux aussi. mais ils restaient des étrangers. Elle contemplait le parchemin écrit par sa mère quand Zima s'adressa à elle. Devrait-elle lever la tête? Elle n'était pas certaine... le visage fixé sur les dessins mais les yeux levés vers la jeune Farid brune, elle l'écouta.

- J'arrivais pas à me concentrer de toute façon, soupira Warui en déposant le parchemin sur la table, les épaules et les oreilles basses.

Elle essayait, mais rester assise à regarder des dessins ne lui convenait pas. C'était mieux quand Elleira lui demandait de l'imiter pour les gestes de base, ça lui venait plus naturellement. Leur oncle avait payé si cher pour qu'ils puissent rester ici? Warui leva la tête, regardant Zima, intriguée. Elle croyait qu'ils étaient invités pour une période indéfinie. Elle ne voyait pas vraiment ce que sa 'tutrice' voulait dire par sa mère plaisait à leur oncle non plus.

Quand Zima aborda le sujet de l'enseignement, Warui rabaissa ses oreilles vers l'arrière, quelques flammèches revenaient. Elle n'osa regarder la jeune magicienne dans les yeux.

- ...

Elle voulait lui répondre mais rien... elle avait raison... elle avait parfaitement raison... et elle ne pouvait rien y faire. Elle voulait exploser, si eux ne seraient pas là la chambre serait en flammes déjà, si le sort de protection de Surric ne fonctionnait plus. Au diable! Warui se leva brusquement, devenant une boule de feu, donna un coup de pied à une peluche.

- C'est elle qui est sensée me le montrer! Ça a toujours été comme ça! C'est Maman qui est sensée me montrer la magie!

Les flammes baissèrent d'intensité après quelques minutes.

- Je veux juste passer du temps avec Maman et Papa...

Une larme commença à couleur sur sa joue. Sur le bon côté des choses, le sort de protection était encore actif, rien ne brûlait dans la pièce.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptySam 4 Nov - 9:47

Il ne lui faut pas longtemps, à ma petite élève, pour me montrer qu'elle ne se contente pas de bouillir métaphoriquement de colère : elle s'embrase très littéralement devant moi, et les flammes suivent la progression de sa hargne – petites étincelles, elles finissent vite par recouvrir l'enfant d'une nappe ardente. Sa fureur s'est réveillée à la seule évocation de nos cours, soudainement, et me laisse un peu pantoise devant ce caprice brûlant. Une peluche traverse l'espace dans un bond rageur amorcé par un coup de pied ; je sursaute, la vois rebondir sur la tête de mon petit frère. Le choc le renverse presque de sa chaise ; inquiète, je m'approche pour voir qu'il a seulement réceptionné le jouet. Nous l'observons tous les deux avec une surprise rassurée : le tissus n'est même pas chaud sous les doigts quand j'y passe la main. Dans un même mouvement, nos têtes se relèvent vers Warui, toujours embrasée bien que nous puissions sentir sa chaleur s'adoucir progressivement. Une fois les flammes taries, je saisis la peluche des mains de mon benjamin et la renvoie à l'héritière.
    « C'est bon ? Tu as fini ? »
En larmes ou non il est hors de question que je prenne des gants avec cette morveuse violente et gâtée : il est temps qu'elle se réveille un peu !
    « Warui Sytha treizième du nom, grandis un peu. Tu as neuf ans ; des enfants plus jeunes que toi ont commencé leur apprentissage depuis plus d'un an. Il y en a même d'encore plus jeunes pour fréquenter des crèches. Tu es loin de pouvoir te plaindre, Warui Sytha, héritière du titre de jarl de Woktal – à peu près aussi loin que de pouvoir faire honneur à ces parents que tu aimes tant. »
Je reprends ma respiration ; ma propre colère me fait siffler plus que m'enflammer, mais même si ma voix est basse, elle n'en est pas moins tranchante. J'articule, et à chaque point, Shel rentre sa tête dans ses épaules :
    « Tu crois que tu leur rends service en allant pleurer en plein conseil dans les jupes de la haute prêtresse du culte de Warui ? Ou peut-être que tu crois que ses thanes seront toujours assis bien sagement à toujours faire oui à tout ce qui arrive ? As-tu seulement entendu parlé de frondeurs, de mutins ou de rebelles, Sytha ? »
Je me redresse de toute la hauteur que me permet ma petite taille, à peine plus imposante que l'enfant devant moi. Je poursuis dans un calme bien plus froid, aux consonances bien moins vindicatives, même si le fond n'en reste pas moins le même :
    « Tu crois peut-être qu'un état se dirige tout seul, que tes leçons ne servent encore qu'à jouer avec papa maman. Mais tu t'es demandée pourquoi tes parents t'enseignent à te défendre et à te contrôler ? Ils te préparent à la place que tu devras occuper et à la tâche que tu devras accomplir. »
Celle-là même qui lui aurait été confiée par la déesse de la Liberté : c'est une curieuse prison qu'elle offre à sa descendante … autant qu'à sa tutrice.
    « Et puis, faut pas s'inquiéter, Waru, » commence la toute petite voix de Shel qui s'élève à ma droite, « ils sont là tous les jours, ton papa et ta maman. Ils ne partent pas et ça sera juste pour quelques heures. C'est rien du tout, tu verras. »


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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptySam 4 Nov - 14:15

Musique

Warui n'avait pas prêté attention à la peluche une fois celle-ci envolée. Elle ne voulait pas les regarder. Elle ne voulait pas leur donner raison. Elle voulait garder son argument, ses raisons et espérer avoir le dernier mot à dire. Mais, elle n'avait pas pas le dernier mot. Depuis le début. Dos tourné aux deux nouveaux arrivants, elle ne pu se 'défendre' quand Zima lui renvoya sa peluche. Le toutou rebondit sur l'arrière de son crâne et l'enfant bondit de côté en réaction, la queue et les oreilles dressées. Elle se retourna vivement vers les exilés, pour croiser le regard de Zima. Un regard rempli de reproches et aucunement impressionné par son comportement. Les dernière étincelles qui dansaient dans la fourrure immaculée de Warui s’éteignirent. Il y avait une trace humide où quelques larmes avaient coulé mais elle ne pleurait plus, sous le choc de la façon dont sa tutrice agissait face à elle, quelque chose qu'elle n'était pas habituée. Personne ne lui avait parlé sur ce ton, ni regardée de cette façon auparavant. Et elle redoutait ce qui allait suivre. Des mots. La vérité laide et hideuse qu'elle voulait se cacher.

Peut-être que le point le plus sensible était sa magie. On la comparait toujours à sa mère, une prodige. Elleira avait déjà eu sa deuxième queue à l'âge de huit ans, et avoir sa deuxième queue était toujours une célébration. Warui, elle, n'avait que sa seule et unique et pourtant elle avait presque dix ans. Elle les voyait ces enfants mages, tous les jours, ces enfants de famille bourgeoise ou paysanne... ou les nobles qui lui faisaient des grimaces dans le dos. Elle détestait se faire rappeler à l'ordre face à sa magie. C'était sa honte...

Mais ce n'était pas le pire à venir...

Warui se sentait rapetisser au fur et à mesure que Zima continuait de lui dire ses quatre vérités. Elle rentrait la tête dans ses épaules, incapable de parler, la gorge serrée. Ses parents lui en parlaient parfois, ils voulaient lui expliquer. Il lui arrivait de glaner des moments de conversation entre seigneurs et adultes mais elle n'y portait jamais attention. Ses parents avaient toujours été là pour elle. Elle avait toujours été mise à l'écart à cause de sa fourrure et les seuls qui la voyaient comme une enfant comme les autres étaient ces adultes si proches d'elle. Plus elle grandissait, plus Surric lui rappelait comment se comporter devant les autres. Si c'était moins important dans le Manoir, il était vital qu'elle le fasse dans la salle d'audience. Même sa mère lui rappelait et avec les années ses parents étaient plus sévères. La raison pour laquelle les thanes obéissaient au doigt et à l'oeil était qu'Elleira avait prouvé plus d'une fois qu'elle était très capable d'avoir ce qu'elle voulait et que sa puissance n'était pas à négliger. Elleira était une légende vivante à Wotkal et sa fille... n'était rien. Elle n'avait rien prouvé. Elle n'avait que pleuré.

Des mutineries... on lui avait raconté... quand elle était encore un bébé qui tétait. C'est là que sa mère avait obtenu sa quatrième queue. Quand elle avait défendu sa fille. Les mutins n'étaient rien, et Elleira avait démontré qu'elle et son enfant étaient intouchables. Warui rêvait d'être aussi impressionnante que la jarl mais...

Zima se leva se da chaise, à ce moment Treize se sentait bien petite malgré la légère différence de taille entre les deux femelles. Sans doute le dernier clou à enfoncer dans le cercueil. Les oreilles de Warui avaient considérablement baissé tout le long des arguments de la Targavin, elle ne pouvaient être plus basses. Sa queue pendait mollement. Elle peinait à regarder Zima dans les yeux, elle voulait regarder ailleurs, elle voulait échapper à son regard, elle voulait se réfugier sous ses couvertures mais... quand elle pensait qu'elle jouait avec ses parents...  l'exilée avait raison... elle avait vu comment ses parents se battaient entre eux, les coupures, les blessures, les contusions, les os cassés, les engelures et les brûlures,  ils se battaient jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout, non pas jusqu'à la première goutte de sang. Avec elle, ils s'arrêtaient quand elle devenait fatiguée. Était-ce si difficile... d'être le chef d'une province... d'être un des conseillers du roi? Et elle devrait prendre la relève, Astrid ne monterait jamais sur la trône, Asger non plus. Cette chaise si grande pour elle, elle se sentait comme un flocon de neige sur une montagne quand elle s'asseyait dessus et prétendait être sa mère quand ses parents jouaient avec elle.

Zima avait fini de parler, c'était au tour de Shelumiel. Il avait raison... elle les voyait tous les jours. Ils inter-changeaient de place quand ils ne pouvaient être avec elle les deux à la fois. Ils allaient en ville, ils se promenaient, ils allaient aux sources. Parfois ils allaient dans une autre province, pour les festivités mais Maman y allait pour les jarls et les relations diplomatiques. C'était de la tristesse que Warui percevait dans la voix du gamin. De l'envie? De la jalousie? Eux. Ces deux Faryd en face d'elle, ces deux exilés qui avaient désormais la tâche de lui enseigner la magie, eux. Quand verraient-ils leurs parents? Cette pensé la frappa comme un vouivre plonge sur un orignal. Ils étaient seuls ici... mais ils n'étaient que des enfants, comme elle... «Ils sont là tous les jours...»«Ils ne partent pas et ça sera juste que pour quelques heures.». Elle avait une boule dans la gorge. Elle avait neuf ans mais elle comprenait les sous-entendus dans les paroles du mâle blanc.

Elle avait honte. Elle avait honte de son comportement. Elle avait honte de ses paroles. Elle avait honte de ne pas être à la hauteur. Elle avait honte... Ses parents avaient-ils honte d'elle? Derrière leur bonne humeur, leurs sourires, leurs cadeaux, leur chaleur? Les larmes remontaient à la surface, sans couler toutefois. Maman lui avait toujours dit qu'il faut s'assumer, assumer les conséquences de ses actes. Facile à dire quand on s'appelait Elleira Sytha! Elle, elle n'était pas digne de son nom... Elle serrait les dents derrière ses lèvres, elle tentait de rester droite, elle n'osait parler parce que si elle ouvrait la bouche, elle ne pourrait rien dire avec la boule qu'elle avait dans la gorge.

Ils lui avaient montré qu'ils voulaient partir d'un bon pied. Ils n'avaient rien contre elle. Ce n'était pas leur faute! Ce n'était pas leur faute qu'ils soient coincés ici pour une durée indéterminée! Ce n'était pas leur faute qu'Elleira leur avait assigné son trésor le plus précieux! Oh comme elle voulait enfouir son visage dans la fourrure de Zima en s'excusant! Comme elle voulait sincèrement!

Un moment passa, dans le plus épais des silences, accentué par les couleurs sombres, où les enfants ne disaient pas un mot. Warui fit un pas timide, hésitant, en direction de Zima, cherchant à ne pas la quitter des yeux, les oreilles toujours aussi basses. Elle ne pourrait dire combien de temps cela lui prit pour se rendre à la Farid brune, il lui semblait une éternité, une éternité à avoir les deux autres le regarder sans mots. Une fois arrivée devant sa tutrice, les lèvres de l'albinos tremblaient. Soudainement, elle s'accrocha à Zima, juste assez petite pour lui arriver en-dessous du menton. Elle tentait de contenir ses larmes et ses sanglots, avec difficulté. Elle voulait parler, elle voulait s'excuser, et à chaque fois un sanglot l'interrompait. Quand l'émotion fut passée, elle put enfin respirer.

- Ger... semi... hoqueta-t-elle dans la fourrure de Nosha. Mamma... m'a appelée Gersemi...

Elle était son trésor le plus précieux.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyDim 10 Déc - 18:04

Devant nous, frère et sœur, la jeune albinos semble s'être perdue dans une bataille féroce contre elle-même. Le silence s'épaissit peu à peu entre nous, où nul n'ose risquer ni pas ni mot. Sa respiration semble pénible, tiraillée entre deux sanglots ; le remarquer ne m'aide pas pour autant à savoir quelle attitude adopter : va-t-elle repartir dans son caprice ? Eclater en larmes ? Si elle s'enflamme encore, je risque de vraiment m'emporter : je n'ai pas envie de la voir roussir le poil de mon petit frère. Incident diplomatique ou non, il y a tout de même des bornes auxquelles un Targavin ne se laisse pas acculer. Mon expression est aussi ferme que possible devant l'albinos minuscule, ce même quand je la vois qui tente une avancée laborieuse. Les oreilles de mon petit Shasta se dressent droites sur sa tête alerte ; ses phalanges se sont crispées sur le dossier près de lui ; ses yeux ne quittent pas les pérégrinations de la petite femelle ; les miens y reviennent. Ses oreilles à elle sont bien plus basses, alourdies même par ce qu'on pourrait croire être des remords sincères. Je vais répondre quelque chose, ma bouche s'est même ouverte pour former un mot auquel l'enfant ne me laisse pas le temps de réfléchir : ses petites mains saisissent mes manches d'étoffe grossière et sa truffe rose disparaît contre mon col en étouffant la voix qui allait en sortir. Je l'entends qui renifle un peu et je sens quelques grosses larmes chagrines qui commencent à lui couler des yeux jusque dans mon cou, poussées par son haleine chaude et irrégulière. Je reprends une inspiration pour m'aventurer à répondre aux petits bruits qui sont autant de mots morts étranglés par ses sanglots, mais rien ne veut venir. Ses cheveux me picotent les narines. Je jette un regard à mon benjamin, au désespoir ; toute l'aide qu'il m'offre se résume à un vague mouvement d'épaules. J'arrive à lire sur ce qu'il articule, un peu moqueur, en silence : « J'en sais rien. C'est ton problème. » Je grimace un peu devant son absence frappante de compassion, toujours raidie dans l'étreinte déboussolée de notre jeune hôte. Toute aussi perdue, je ne saisis pas tout de suite l'importance de ce qu'elle nous partage alors, son petit filet de voix flûté entrecoupé de brusques inspirations. J'hésite encore un instant avant de poser délicatement mes paumes sur ses bras, de les tapoter d'un geste que j'aurais voulu rassurant, et de chuchoter avec peut-être plus de douceur encore, pour me laisser le temps de réfléchir :
    « Gersemi, alors … c'est ça ? » lui demandé-je sans oser déloger sa figure du creux de mon épaule ; « Gersemi … ne pleure pas. C'est fait, c'est comme ça. Ça arrive, de faire des erreurs. On en fait beaucoup, Shel et moi. Pas vrai, Shel ?
    Eh, Niiz est plus douée que moi avec ça ! » se met-il à rire. Warui est toujours contre moi.
    « J'aimerais juste que tu me promettes de faire un peu plus d'efforts à l'avenir, pour tes parents, mais surtout pour toi. C'est d'accord, Gersemi ? »
Je la recule un peu pour la regarder dans les yeux.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyLun 11 Déc - 10:28

- Mamma... dit qu'elle m'appelée comme ça... parce que lui ressemble beaucoup.... à elle et Warui, hoqueta la femelle blanche.

Elleira lui avait toujours dit que son prénom était son secret le plus précieux, mais que c'était à elle de choisir qui pouvait le connaître. Zima aurait du l'apprendre de toutes façons, elle était maintenant sa tutrice. Elle lui tapota doucement les bras, lui parla d'une voix douce, pour la calmer.

On faisait tous des erreurs...Warui renifla un peu. La Farid brune avait raison. Elle avait balancé la peluche et déclencher la colère de Zima mais... elle avait besoin de se faire dire la vérité, par une source extérieure. Shel approuva de sa soeur, les bourdes leur arrivait à eux aussi. Comme celle qui était la cause de leur séjour.

Zima recula un peu. Gersemi essuya ses yeux avant de la regarder. Ce n'était plus deux yeux durs et sévères, mais deux yeux doux, brillants, deux gouttes de miel dans un visage brun chaud. Ces couleurs si froides étaient maintenant si accueillantes et bienveillantes. Zima lui demandait de faire une promesse. Warui continua de regarder la femelle brune dans les yeux. Promettre... d'être meilleure... de se dépasser... pas seulement pour ses parents... mais pour elle-même... surtout pour elle-même... si elle voulait prouver sa valeur... elle aquiesça timidement, les épaules encore un peu tremblantes. Elle essuya ses yeux encore une fois.

- Promis! dit-elle avec son plus beau sourire en donnant un câlin à Zima.

Pour la première fois depuis si longtemps, elle pouvait dire qu'elle avait des amis, des gens qui ne regardaient pas de haut, des gens qui étaient prêts à passer du temps avec elle, des gens qui pouvaient l'apprécier pour qui elle était... elle était heureuse... cette réalisation que les deux Targavin seraient ses compagnons de jeu et d'adolescence! Alors qu'elle allait leur demander pourquoi ils étaient ici, un léger "toc toc" se fit entendre de l'autre côté de la porte.

- Entrez! déclara la Farid blanche.

La porte s'ouvrit sur Elleira.

- Le tout est signé et officiel, la paperasse est finie, dit-elle avec un sourire.

Aucune trace du masque froid et calculateur ne restait sur le visage de la Reine de Wotkal. D'Elleira venait une chaleur réconfortante, elle était de bonne humeur. Elle replaça un peu ses cheveux en regardant le trio. Visiblement, quelque chose était arrivé, sa fille avait des traces de larmes sur les joues, personne n'était blessé, tout était calme.

- Il est temps de montrer à nos invités où se situe leur chambre et leur faire découvrir le Manoir, annonça la Farid bleue. De plus, ajouta-t-elle envers Zima et Shelumiel, vous devez êtes affamés. Je vous montre votre chambre et on va manger un peu, en privé. Warui?

La petite se tourna vers sa mère.

- J'ai besoin que tu ailles chercher ton père aux écuries. Rejoignez-nous juste après.

La fillette hocha oui de la tête.

-Tantôt! lança -t-elle aux deux autres en sortant de sa chambre, remettant ses lunettes sur son visage.

Une fois seule avec les deux réfugiés, Elleira adressa de nouveau la parole:

- J'ai demandé à votre oncle de nous laisser quelques-uns de vos effets personnels, vêtements et outils.

Elle fit signe de la suivre et les guida jusqu'à leurs quartiers, dans une aile différente mais pas trop loin de la chambre de Warui. Les meubles avaient été garnis avec leurs accoutrements. C'était une grande pièce, avec deux lits, séparés par une cloison, une table sur laquelle était posé le nécessaire pour une Médicaliste, quelques babioles leur appartenant décoraient le tout.

- Ce n'est pas Davoh, mais j'espère que cela vous convient, s'excusa Elleira. Je vous laisse le temps de vous changer.

Elle sortit de la pièce pour les laisser tranquilles. Ils avaient tout le temps, ils en auraient besoin.
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MessageSujet: Re: Tutrice semi-royale   Tutrice semi-royale EmptyVen 29 Déc - 21:02

Sa promesse donnée tout chaleureusement vient cordialement me heurter dans une nouvelle étreinte ; saisie autant par ses bras qui m'enferment dans leur vigueur toute juvénile encore que par son brusque revirement. La première surprise passée, je sens mes épaules retomber légèrement sous le coup du soulagement. Shasta, derrière sa sœur de couleur, me félicite discrètement avec l'un de ses plus grands sourires. Ses oreilles et les miennes sont dans l'instant captées par un bruit à la porte : Elleira, autorisée à franchir le seuil de la chambre par sa fille.

… son expression si douce et apaisée ne m'aide pas à reconnaître cette hôte dont nous a pourtant parlé si longuement Imbir. Mes yeux s'égarent d'abord sur le pelage bleu, puis courent sur ses vêtements afin de m'en faire un portrait unique parmi tous ces gens. Elleira, oui … la jarl. Je cille lentement, presque en décomposant le mouvement. Niiz près de moi s'est un peu tassée sur elle-même à son entrée ; je saisis pourquoi quand j'entends que les affaires ont été conclues. Je la vois qui serre fort contre elle ses vêtements qui ne lui ressemblent pas, ou si peu ; c'est comme si ma sœur n'était pas vraiment ici. Elleira nous sourit, toute douce. Ses yeux explorent à peine la pièce alentour ; moi aussi, mais pas pour la même raison : moi, je pense que je vais voir tout ça plus souvent, et qu'un autre marchand que moi se serait fait un honneur de se retrouver si près d'une famille comme celle d'Elleira et de Gersemi … à moins que l'honneur n'ait un goût de cendre. Je souris quand-même, pour rassurer Niiz près de moi et que j'attrape par la manche. Quelque part, j'ai envie d'explorer le manoir. Sur les ordres de sa mère, la petite héritière file jusqu'à la porte, s'y engouffre et disparaît comme un éclair blanc. L'espace d'un instant, j'ai pu voir sa petite paire d'optiques sautiller au bout de sa truffe rose, comme une image rémanente. Même si je n'arrive pas vraiment à me faire un avis sur elle qui a tellement changé en si peu de temps, je regrette un peu de la voir nous laisser seuls avec la jarl. Les couloirs sont longs jusqu'à nos chambres et le trajet me fait beaucoup réfléchir. J'aurais aimé avoir quelqu'un avec moi pour m'aider à faire sortir Niiz de son silence, et retourner la vilaine moue qu'elle a sur la figure. À la place, les mots d'Elleira résonnent dans ma tête, et j'ai peur de les comprendre. Ils sont chassés quand nous entrons dans nos quartiers : ils donnent une impression étrange ! C'est si bizarre de voir partout ses affaires, des objets connus, dans un lieu où on ne se souvient pas les avoir posés ! Je furette ici et là dès que j'ai passé le seuil, sans plus penser à la manche de Niiz. La porte se ferme. Je me tourne vers elle : elle s'est assise sur le lit. Elle regarde autour d'elle, défaite. Dans les tiroirs, je trouve quelques breloques dont je me saisis avant de m'approcher de ma grande sœur qui semble si perdue, si différente ici, mais dont je voudrais tellement retrouver un petit bout pour qu'elle me prenne dans ses bras. Alors j'attache doucement ses bijoux dans ses cheveux. Quelque part, j'ai besoin de demander à voix haute ce que je sais déjà ; j'ai besoin de demander pourquoi tout est déjà là. C'est parce qu'Imbir ne l'est plus. Qu'on n'aura pas à lui dire au revoir. Mais j'ai envie d'y croire.
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